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EDWIGE GEMINEL

LE DÉCOR


CHAQUE JOUR, C’EST AVEC SON ÉQUIPE QU’EDWIGE IMAGINE ET RÉALISE LES DIFFÉRENTS DÉCORS DU FEUILLETON UN SI GRAND SOLEIL AU COEUR DES STUDIOS DE FRANCE TÉLÉVISONS À VENDARGUES. UN MÉTIER QUI NE CESSE D’ÉVOLUER.

Vendargues. Un matin de janvier. Nous retrouvons Edwige sur un nouveau décor, celui d’un commissariat. « Je crée des univers, des environnements pour Un Si Grand Soleil. Mais pas seulement. Là on est dans un commissariat pour une nouvelle série », explique la cheffe déco. Raconter des histoires autour d’un décor, voilà son challenge au quotidien. Si son talent n’est plus à prouver, Edwige ne se prédestine pourtant pas à cette profession. « J’ai un parcours assez atypique. Je n’avais absolument pas prévu de faire ce métier. » Alors qu’elle n’est âgée que de 22 ans, Edwige, licence d’administration économique et sociale en poche, décide de partir aux États-Unis dans le cadre d’un échange universitaire. « Là-bas, j’ai décidé de manière complètement indépendante de suivre une formation dans une école de cinéma. J’ai effectué des stages et, de fil en aiguille, j’ai appris le métier de cheffe déco. » Elle y restera quatorze ans, alternant les tournages de séries, clips vidéo, longs-métrages et publicités. « J’ai eu la chance, au milieu des années 2000, de travailler comme cheffe déco sur un long-métrage indépendant qui a été sélectionné et primé au festival du film de Sundance. Les choses sont ensuite allées très vite. » À son retour en France, en 2008, elle est contactée pour la quotidienne Plus belle la vie. « J’ai travaillé quatorze ans sur la série. En 2018, quand Toma de Matteis et Mathieu Bollet m’ont parlé du projet d’Un Si Grand Soleil, j’ai suivi. J’ai fait les deux pendant quatre ans, par intermittence, mais depuis un an je suis ici à plein temps. » Au quotidien, Edwige gère plusieurs équipes. En plus des ensembliers, des constructeurs et des peintres, il y a aussi des graphistes. « Ces dernières années, mon métier a beaucoup évolué car on mélange désormais les décors réels et virtuels, en réalité augmentée. Les graphistes sont les ensembliers et les constructeurs du virtuel. » Une gymnastique d’esprit différente de ce qu’elle a connu jusqu’ici et qui l’intéresse particulièrement. « La conception de décors n’a plus rien à voir avec ce que je faisais au début de ma carrière. Il y a des contraintes techniques nouvelles comme des matériaux qu’on ne peut pas utiliser, on ne peut rien avoir de vert par exemple. Sans parler des contraintes dimensionnelles. Le rythme n’est plus le même non plus. Grâce au virtuel, on peut changer plusieurs fois de décors sur une journée de tournage. Nous avons l’obligation de concevoir des volumes légers et facilement déplaçables. De rendre les choses modulables et adaptables. » Une dynamique différente d’un long-métrage mais qui, dans les deux cas, nécessite un long travail de préparation. « Par exemple pour Les Pennac, on a commencé à faire des propositions en février dernier. Il y a eu un ping-pong avec l’artistique et la production puis on a commencé la construction en octobre pour une livraison début décembre. » Seule véritable contrainte, mais pas des moindres, le budget. « Artistiquement on est assez libre, et c’est super. En ce moment par exemple, on travaille sur le décor d’un lycée qui sera en partie réel et en partie virtuel. J’ai dessiné l’environnement global pour savoir où l’on se trouve dans l’espace, comment on va de ce décor à un autre, mais je collabore avec Les Tontons Truqueurs pour les VFX. On est aussi en train de préparer une maquette pour aider les réalisateurs à faire leurs découpages. » D’ici peu, le plateau devrait se doter d’un écran LED, une nouvelle technologie qui devrait détrôner dans les années à venir le fond vert.

« C’est la suite logique », constate Edwige. « C’est une toute nouvelle façon d’incruster les acteurs dans un décor virtuel, plus immersive. Désormais nous allons être capables d’afficher le décor voulu en temps réel sur le plateau, avec un système permettant de filmer sous tous les angles possibles, et non plus sous un seul. » Un bond technologique qui risque de profondément chambouler la façon de tourner. Affaire à suivre.


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