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EMMA COLBERTI

GLAMOUR


CHAQUE SOIR, CELLE QUI INCARNE ÈVE, DANS LA QUOTIDIENNE UN SI GRAND SOLEIL, LIVRE UNE PERFORMANCE TOUCHANTE ET VIBRANTE. HABITUÉE DU PETIT ÉCRAN DEPUIS LES ANNÉES 1990, ELLE A SU CONQUÉRIR LE COEUR DES FRANÇAIS.

Pour Emma, le jeu, mais par-dessus tout le spectacle, est une vocation d’enfance. À six ans, elle exprime à ses parents son choix de devenir trapéziste. « J’avais été profondément marquée par le film Trapèze de Carol Reed. » Au-delà de la discipline, la petite fille est fascinée par l’univers : les gens du voyage, le chapiteau, les roulottes. « Aujourd’hui encore, c’est quelque chose qui me fascine. J’ai eu un profond coup de coeur pour la Camargue. J’adore l’ambiance qui y règne. Les chevaux, les gitans. Cet endroit me raconte une vraie histoire, c’est une terre de liberté, c’est quelque chose qui me parle. » S’il y a le trapèze, il y aura aussi la danse et puis l’envie de faire du théâtre. À neuf ans, elle prend ses premiers cours. C’est la révélation. Ses débuts, elle les assimile au Cours Florent puis à l’École du Studio d’Asnières devenu l’ESCA, qu’elle suit pendant trois ans. « J’ai fait partie de la première promotion, aujourd’hui c’est une école d’état très réputée. On jouait des cabarets dansants, mais également des pièces que l’on montait. On répétait plusieurs semaines avant la représentation. C’était très formateur. » Rapidement, elle obtient ses premiers rôles à la télévision. « Je me souviens avec émotion du rôle que m’avait donné le réalisateur Alain Schwartzstein dans la série Nestor Burma avec Guy Marchand. Elle était encore filmée en pellicule, c’était très glamour. D’un coup, j’avais l’impression d’incarner tout ce dont j’avais rêvé depuis l’enfance… Je touchais un peu du doigt ce que les comédiennes des années 1940 vivaient. Gina Lollobrigida, Ava Gardner, Rita Hayworth… J’étais en pâmoison devant toutes ces comédiennes ». Une expérience qui nourrit la toute jeune comédienne. « À ce moment-là, je me sens à ma place, je sais que je vais dans la bonne direction. Je me sens complétement libre. » Une liberté qu’elle va devoir défendre. « C’est quelque chose qui n’a pas toujours bien été accepté, j’étais considérée comme le vilain petit canard, la rebelle… Je n’ai jamais aimé suivre, j’aime faire comme je le ressens. L’âge et la maturité m’ont aidée à le faire accepter. » En 1996, elle décroche l’un des rôles principaux dans la série Jamais deux sans toi…t. « C’est un peu le rôle qui me fera connaître du grand public. J’avais vingt-trois ans. Je savais que j’étais au coeur d’un projet novateur et ambitieux, mais je ne m’attendais pas à cette fulgurance. » À la télévision, elle trouve son bonheur dans de nombreuses fictions à succès, notamment dans La Nouvelle Maud au début des années 2010. En 2018, elle brille dans Betty de Carlos Bassano, mise en scène de Frédéric Oudart, au Théâtre du Gymnase. « C’était une

superbe expérience. J’ai adoré la pièce, le rôle de cette femme qui connaît une histoire avec un jeune homme de vingt ans de moins. Le théâtre, c’est ma base, c’est mon premier amour. J’ai besoin de passer par les planches, d’être en direct avec le public. Cette mise en danger chaque soir, c’est une excitation capitale. C’est une vraie mise à nu. » La même année, elle intègre le casting de la série quotidienne de France 2, Un si grand soleil, où elle tient le rôle d’un professeur de lettres au lycée, Ève Prodi. Un personnage complexe qu’elle prend plaisir à incarner. « C’est une femme qui aime se mettre en difficulté. Elle a un penchant pour les histoires d’amour compliquées, comme avec le père de son fils, Eliott, qui est un pervers narcissique. C’est une personne très empathique, elle adore écouter autrui, conseiller. Ses amis l’apprécient, on peut compter sur elle. Dans son essence même, je pense que c’est une personne qui peut être incroyablement libre. » Et à voir évoluer. « Je me suis particulièrement intéressée à la psychologie de mon personnage. Elle a une part d’elle assez sombre, elle a vécu des choses difficiles avec son ex-mari et avec son fils. J’ai vraiment essayé par le jeu de l’emmener vers quelque chose de cohérent. » Pas question pour autant de se perdre entre fiction et réalité. « J’aime aller à la rencontre de mes personnages, me challenger, puiser des ressources en moi. C’est très enrichissant. Mais, une fois que je quitte le plateau ou la scène, c’est fini. Ève n’est pas une enveloppe difficile à quitter, je n’ai pas de mal à me séparer d’elle. » Si le format de la quotidienne lui plaît particulièrement, il lui demande cependant une hygiène de vie assez stricte. « On a un rythme de sportif, je dois avoir une hygiène de vie irréprochable. Je me couche tôt, je refuse un verre avant les tournages, je ne peux pas me le permettre. On compte sur moi pour tenir physiquement. » Si elle se

consacre à la série pour l’instant, elle n’en oublie pas pour autant ses premières amours. « Je suis entièrement concentrée sur la série. Mais cela ne m’empêche pas de m’adonner à mes autres passions comme la danse. Enfant, je dansais tout le temps, et aujourd’hui encore, c’est mon rituel du vendredi soir. Je suis des cours en ligne et je fais réguliérement des stages pour découvir de nouvelles danses. Je me suis cassé la cheville sur le tournage de “Boyard Land”. J’ai commencé la danse en talons pour me redonner confiance au niveau des appuis de ma cheville fragilisée. » Femme et actrice accomplie, elle ne cache pas malgré tout son envie de s’essayer à la mise en scène. « J’adorerais pouvoir mettre en scène une pièce. Le théâtre a quelque chose de plus organique et de plus vivant. J’adore les répétitions, c’est un travail de longue haleine. Comme une bonne sauce que tu laisses mijoter, où tu ajoutes des ingrédients, et tu en fais quelque chose de magique ». Comme l’enseignement. « Quand j’habitais en Italie, j’ai travaillé pour l’Institut Français Saint-Louis de Rome et j’ai dispensé des cours de

théâtre à des Italiens amateurs et ça m’a beaucoup plu. J’adorerais renouveler l’expérience. » Affaire à suivre…

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