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GAELA LE DEVEHAT

INSPIRANTE


IL Y A, DANS LA VIE, DES ARTISTES RARES ET PRÉCIEUX QUI NOUS RAPPELLENT POURQUOI LE CINÉMA, LE THÉÂTRE, ET LA CULTURE EN GÉNÉRAL, ONT TANT D’IMPORTANCE. C’EST LE CAS DE GAELA LE DEVEHAT. ELLE QUI INCARNE À LA FOIS L’ÂME D’UNE ARTISTE ET LA CHALEUR D’UNE FEMME ATTACHÉE À SA FAMILLE, À SES RACINES. DANS UN MONDE OÙ LES FEUX DE LA RAMPE POURRAIENT ÉBLOUIR, ELLE A SU GARDER LES PIEDS SUR TERRE, TRANSMETTANT DES VALEURS AUSSI ANCRÉES QU’INDISPENSABLES. D’UNE ENFANCE MARQUÉE PAR L’OMBRE BIENVEILLANTE DE SA MÈRE À UNE CARRIÈRE COURONNÉE PAR DES RÔLES RICHES ET PROFONDS, GAËLA NOUS INVITE DANS SON UNIVERS, QUELQUE PART ENTRE LE CONCRET ET L’IMAGINAIRE. UNE INVITATION QUE VOUS NE REGRETTEREZ PAS D’ACCEPTER.

Gaela Le Devehat
Gaela Le Devehat

Vous êtes assez discrète sur votre jeunesse. Racontez-nous un peu votre histoire...

Je suis née et j’ai grandi en banlieue parisienne, à Créteil, dans le Val-de-Marne, avec ma mère. Mes

parents étaient divorcés. Mais j’ai eu une enfance plutôt heureuse, très entourée de ma mère, qui était

professeure de lettres modernes, et de ses amis.


Vous jouez vous-même le rôle d’une professeure, c’est un joli clin d’oeil…

C’est le hasard mais j’étais très heureuse de tomber sur un rôle où j’allais incarner un prof. Ma famille, du

côté de ma mère, est bretonne. Ce sont des personnes simples qui ont eu accès à une culture importante grâce à l’éducation par l’école. J’ai grandi avec des valeurs sociales fortes de laïcité, de mérite. Très de gauche, en fait ! Mon grand-père tenait à cela et l’a transmis à ma mère, qui me l’a transmis aussi et je le fais aujourd’hui avec mes enfants.


À quel moment avez-vous ressenti l’envie de jouer la comédie ?

Cela n’a pas été immédiat. J’ai eu d’autres passions avant. Je voulais être danseuse de french cancan !

(Rires) Je pense que j’étais déjà attirée par le spectacle. Après, j’ai voulu être conservatrice de musée, j’aime beaucoup la peinture. En parallèle, ma mère, qui était très attachée au texte, m’emmenait souvent au théâtre, à la Comédie-Française.


Sa passion est devenue la vôtre ?

J’ai tout de suite été fascinée par la liberté qu’offre le jeu. La possibilité d’effacer les carcans sociétaux…

C’est formidable d’exercer un métier où l’on est libre d’exprimer ce que l’on veut ! De se glisser dans la peau de différents personnages, de vivre une multitude de vies ! Du coup, oui j’avais un peu cela en tête.


Et votre mère vous a-t-elle soutenue ?

Elle était assez méfiante, mais elle m’a dit « je n’ai rien contre mais passe ton BAC ». Ce que j’ai fait. En cadeau, elle m’a offert un stage au cours Florent. Je me suis éclatée et je me suis dit « Ok, je suis au bon endroit ». Je me suis inscrite au Conservatoire du 5e à Paris et à la fac en Arts du spectacle. Je suis allée jusqu’en maîtrise, c’était le deal avec mes parents.


Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?

C’était génial. Je me suis éclatée. On a fondé une compagnie avec trois copines. On se voit toujours

d’ailleurs ! Et j’ai beaucoup appris. J’avais un prof génial, Bruno Wacrenier. J’étais une jeune fille

introvertie mais cela bouillonnait à l’intérieur de moi. Cela m’a permis de m’ouvrir et de m’exprimer.


Quelles vont être les grandes étapes de votre carrière ?

Je dirais mon premier film. J’avais été choisie pour un film de Jacques Doillon. J’étais encore au

Conservatoire. J’étais de la planète théâtre… Je ne pensais pas du tout à l’image. Au moment des essais, le directeur de casting Stéphane Foenkinos avait été d’une aide précieuse, m’expliquant un peu les rouages du milieu. Il m’avait aiguillée vers différents agents. Et finalement c’est comme cela que j’ai commencé.


Comment décririez-vous votre filmographie ?

J’ai joué dans des films un peu atypiques, un peu ovni, un peu films d’auteur. Je pense aux films de Benoît Cohen, Les acteurs anonymes, sur des acteurs qui veulent cesser d’être acteurs et qui vont en cure pour y parvenir. Ou Les violettes, l’adaptation d’une pièce de théâtre d’une des filles que j’avais rencontrées au Conservatoire. C’est cela un peu ma couleur cinéma. Et puis j’ai fait beaucoup de télévision. Il y a eu la trilogie de Pagnol sur France 2… Oui. J’ai joué le rôle de Fanny. J’ai vraiment appris à connaître la caméra à ce moment-là. La manière de se placer. À être amie avec elle. « Il faut que tu sois avec elle, que vous ayez une complicité mais que tu l’oublies » C’est le conseil que m’avait donné un super chef-op.


Finalement, vous qui veniez du théâtre, vous avez pris goût à la caméra ?

Oui j’ai multiplié les projets. J’ai joué dans la série Avocats & Associés pendant trois ans. Là j’ai appris

à travailler en amont pour avoir plus de liberté, car le rythme était plus dense. J’ai fait de très beaux

téléfilms d’époque aussi. J’ai adoré jouer en costumes. La métamorphose est d’autant plus flagrante, on

s’extrait encore plus de soi.


En 2019, vous démarrez la série Un si grand soleil…

Quand ils m’ont proposé le rôle, j’ai regardé le programme et j’ai apprécié tout de suite sa qualité.

J’étais charmée par cette forme d’exigence au niveau de l’image, du jeu, de la mise en scène. J’ai adoré

l’esthétique. Je connaissais Alban Aumard, je l’ai appelé et il m’a dit « fonce, ça va te plaire ».


Vous interprétez le rôle d’une professeure, Sabine…

Oui comme je le disais, le rôle m’a plu tout de suite car il y avait une foule de petits clins d’oeil à mon histoire. Elle est professeure, elle est séparée. Elle prend soin de ce garçon qui vit une crise d’adolescence un peu difficile, qui est violent même. Ce personnage me parlait et j’avais envie d’en faire quelque chose, de le prendre à bras-le-corps avec la perspective de le développer sur une longue période. De le faire mûrir.


Vous nourrissez-vous de votre propre expérience ?

Il se passe des choses dans la vie et du coup, les deux expériences se nourrissent mutuellement.

J’ai l’impression que oui, Sabine et moi, nous nous tenons. Et puis les auteurs amènent des éléments qui nous sont personnels, en nous observant. Sabine est très consciencieuse, moi aussi mais j’aime également beaucoup rire. Avec le temps ils ont ajouté ce côté-là de mon caractère au personnage. C’est une grande chance de pouvoir développer un personnage ainsi sur la durée.


Avez-vous des projets ? Comment voyez-vous la suite ?

Il y a des petits projets qui se dessinent, peut-être un programme court pour Canal. Mais pour en revenir

à mon rôle dans Un si grand soleil, j’espère qu’il est voué à une certaine longévité ! Il y a encore plein de choses excitantes à jouer !


Nous sommes au Musée Fabre. Pourquoi avoir choisi que nous nous rencontrions ici ?

Ici, j’ai tourné une jolie séquence avec Victorien, qui jouait Dimitri, des retrouvailles émouvantes. J’aime

les musées, y traînasser. Ce sont des endroits où je vais avec mes enfants, mais où j’apprécie aussi être seule parce que c’est calme. Et contemplatif. Je m’y pose et simplement je regarde, je me nourris de ces belles oeuvres. J’y ai passé beaucoup de temps dans mon enfance, c’est un peu comme un doudou en fait, cela m’apaise.


La culture, c’est quelque chose d’important pour vous …

Oui. J’ai besoin de nourrir mon cerveau. J’aime aller voir mes amis au théâtre quand j’en ai le temps. J’aime aller au cinéma aussi. Je mange énormément de films ! Et je suis passionnée par la politique. Je m’y intéresse beaucoup. Je suis d’ailleurs un peu triste de ce qu’elle est devenue. On m’a initiée à une politique davantage conscientisée, solidaire et citoyenne. J’essaie de transmettre ces valeurs à mes enfants. Je veux qu’ils aient conscience qu’ils ont un rôle à jouer.





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