REBEL
IL A LE PANACHE DES ACTEURS QUI ONT EMPRUNTÉ LES CHEMINS DE TRAVERSE. CELUI DES
IMPATIENTS AUSSI. UNE GUEULE D’ANGE QUI LE REND PRÉSENT ET PHOTOGÉNIQUE À L’ÉCRAN.
D’UN NATUREL CURIEUX, JAMAIS RASSASIÉ, LE TRENTENAIRE A DES PROJETS PLEIN LA TÊTE, DES
AMBITIONS BIEN PRÉCISES. ET TOUJOURS UNE PASSION QUI FLIRTE AVEC LA VERTIGINE. C’EST
UN RÊVEUR QUI SE PERD DANS LES HORIZONS INFINIS. UN ARTISTE AUX MULTIPLES FACETTES,
COMPLEXE ET AUTHENTIQUE, QUI N’A PAS FINI DE NOUS SURPRENDRE.
Qui est Fabian Wolfrom ? Se voyait-il un jour devenir acteur ?
Je suis né et j’ai grandi à Paris. À l’âge de sept ans, j’ai fait du théâtre pour la première fois. C’était plus une « récréation » mais j’ai adoré cela.
Pourquoi ?
Parce que l’on pouvait inventer des choses qui ne nous appartenaient pas. Adolescent, j’ai pratiqué au Cours Simon. Mais je ne savais pas encore vraiment ce que je voulais faire « dans la vie ». Enfin c’est faux. Je voulais être astronaute. Cette idée me faisait vibrer et j’étais bon en mathématiques mais pas
suffisamment. Et puis j’étais un peu flemmard aussi. J’ai naturellement abandonné cette idée. Après le bac, je me suis inscrit en droit. Mais j’ai aussi continuer les Cours Simon, en secret. J’avais parlé du prix à la directrice de l’époque qui, élégance suprême, m’avait fait une fleur.
Pourquoi en secret ?
Ce serait trop « schématique » de dire que ma famille ne voulait pas de cela pour moi, mais elle ne m’y encourageait pas pour des raisons tout à fait bienveillantes. C’est difficile de réussir dans ce milieu. Et puis il a bien fallu assumer cette envie d’être acteur.
Quel souvenir gardez-vous de cette période ?
J’ai enchaîné les petits boulots, la figuration… Et puis finalement, quand j’ai commencé à en vivre, c’està-dire à payer mon loyer et manger autre chose que des pâtes, je me suis inscrit en fac de philo à Paris Sorbonne.
C’est intéressant comme virage…
Au départ, c’était par curiosité, par plaisir. Mais cela m’a très vite passionné, un peu trop. Je suis vite parti dans des considérations existentielles, à la fois vertigineuses et dangereuses. Et encore une fois il a
fallu choisir entre être étudiant ou intermittent. Finalement, ces années-là vont être assez prolifiques…
Je vais tourner dans une quarantaine de courts métrages, parfois rémunérés, parfois non, parfois à la hauteur de mes attentes, parfois non ! (Rires) Je fais pas mal d’apparitions dans des téléfilms et des séries. Mais je me méfie beaucoup de l’auto-analyse, mon parcours n’a rien d’exceptionnel, j’ai cherché à apprendre et pour cela j’ai beaucoup expérimenté. J’avais envie de rencontrer des personnes et surtout d’identifier ce que je voulais et ne voulais pas. À l’âge de 22 ans, vous tournez dans Bis, un film de Dominique Farrugia avec Franck Dubosc, Kad Merad… J’ai passé un casting, tout ce qui a de plus banal ! (Rires) C’est très anecdotique mais j’aimais beaucoup Franck Dubosc. À la fin de mon essai, j’ai tenté une pénible imitation de l’humoriste, c’était très premier degré mais je crois que c’est cela qui a fait toute la différence ! (Rires)
Quels vont être finalement les projets clés de votre carrière jusqu’ici ?
Il y a eu le tournage très intensif et très fatigant d’un long métrage de science-fiction indépendant qui souffrait d’un gros manque de budget. Ça a été vraiment l’expérience initiatique… Mais honnêtement je ne revendique rien dans ma carrière balbutiante.
Quelles sont vos aspirations en tant qu’acteur ?
Des films ou des pièces physiques, dans des cadres plus graphiques et plus larges. J’aimerai tourner des
films de cape et d’épée, de guerre, de science-fiction, d’aventure... Utiliser mon goût particulier pour l’escrime, l’escalade, la montagne...
Depuis plusieurs années, vous incarnez le personnage de Louis à la télévision dans la série quotidienne Ici tout commence. Qui est-il ?
Il est odieux, c’est un connard fini ! (Rires) Particulièrement au début. Il était presque caricatural. Avec le temps, j’ai essayé d’amener quelque chose de plus humain, ce qui a été d’autant plus intéressant pour la crédibilité et pour le plaisir.
On vous a récemment vu dans Bardot diffusé sur France 2…
C’est anecdotique, je n’ai pas un rôle d’envergure mais c’était très chouette. C’était surtout l’occasion
de travailler avec la famille Thompson, sur un tournage aussi rigoureux que détendu !
Vous jouez quand même le rôle de Sacha Distel…
À ce que l’on dit, ils ont vécu une véritable histoire d’amour… j’ai été surpris et honoré que sa famille
m’écrive ensuite, élégante politesse.
Avez-vous d’autres projets en cours ?
Des projets, j’en ai plein ! Des choses qui vont se faire, on verra ! (Rires) J’ai un projet de long métrage
avec Fabrice Hourlier, un film uchronique dans un univers steampunk. Un projet de téléfilm aussi pour
france TV. J’ai aussi passé des essais à Los Angeles pour un film de Paramount Pictures sur les Jeux
Olympiques de 1936. Il s’agit d’un rôle de méchant, un champion d’escrime français – c’est un sport que
je pratique beaucoup. J’ai d’ailleurs cru que c’était un fake, jusqu’au moment où j’ai passé la porte des
studios. Il y a aussi une pièce de théâtre sur la vie de James Dean, un projet de longue date avec mon ami Jean-Philippe Beche.
C’est un projet qui semble vous rendre heureux…
Par fidélité en amitié, déjà. Et puis c’est une histoire qui me parle. Il était arrogant, impatient et conscient de ne pas avoir encore fait ce qu’il aurait voulu ou pu faire. Je ne peux pas m’empêcher d’y voir un parallèle avec ma propre histoire.
À 30 ans, ressentez-vous l’envie de vous réaliser ? D’avoir vos propres projets ?
Aujourd’hui, j’ai envie de faire, je n’ai pas envie d’avoir envie.
Et de quoi avez-vous envie ?
De faire un film sur la Résistance dans le Vercors en juillet 44. La Résistance dans les maquis est un
phénomène psychique et physique qui me fascine.
C’est précis…
C’est en lien avec mon histoire familiale, celle de mon grand-père. J’ai envie de m’interroger sur ce que veut dire « Se battre pour la liberté »?
La réalisation, l’écriture… ce sont des domaines vers lesquels vous souhaitez aller avec ce projet ?
J’aime vraiment jouer, j’en ai besoin plus que je ne le pensais. Mais j’ai aussi très envie de réaliser même
si je sais que je ne suis pas réalisateur. Et je l’ai déjà écrit ! Il ne me manque que l’argent ! (Rires)
Finalement, qu’est-ce que cela signifie, être acteur ?
Des occasions ! Tout m’intéresse, j’aime apprendre et ce que m’offre ce métier c’est d’expérimenter, de
rencontrer pleins de gens qui font des choses très différentes.
Quand on est acteur, que l’on incarne différents personnages avec des histoires, des sentiments qui ne sont pas les siens, ne s’y perd-on pas un peu ?
On peut. Les six premiers mois, avec le rôle de Louis, il y a eu un peu de cela. Il ne souriait pas et il était
rempli d’arrogance et d’agressivité. Huit heures par jour, j’incarnais cela, j’inscrivais dans mon corps une
façon d’être, de parler et de penser. Obligatoirement, cela transforme un peu ta façon de te comporter.
Cela m’a joué des tours. Les gens peuvent vite faire la confusion entre le personnage et la personne
derrière l’acteur. Avec le temps, heureusement, j’ai trouvé un équilibre.
Hormis le jeu, qu’est-ce qui vous passionne ?
Le voyage. Je rentre d’un séjour au Botswana. J’aime bien me balader. Aujourd’hui, c’est facile de voyager. Tu prends un billet d’avion, tu te retrouves à l’autre bout du monde. Tu loues une voiture, et tu continues à vélo, tu prends un petit bateau… c’est ma vision du voyage.
Une destination qui vous a marqué ?
C’est difficile à dire. Chaque voyage laisse une trace. J’ai beaucoup aimé les États-Unis, les grands espaces, les forêts, les déserts… L’Argentine que j’ai découverte lors du tournage de la série “Monzon”. Disney cherchait quelqu’un qui ressemblait vaguement à Alain Delon et c’est tombé sur moi ! J’avais du temps pendant le tournage, ils m’ont permis de me balader dans le pays, j’ai eu beaucoup de chance. J’aime bien, entre deux sessions de tournages, partir randonner en montagne, dans les Alpes ou dans les Pyrénées, quitter l’énergie bouillonnante du plateau pour le silence de la montagne. Rien ne me saisit davantage que la nature. Un lever de soleil au sommet d’une montagne, ça m’émeut aux larmes.
La série réunit jusqu’à quatre millions de personnes chaque soir. Comment vit-on la notoriété associée ?
Pour être honnête, elle est quand même très relative et très circonstancielle, mais je l’avais sous-estimée. Finalement, c’est souvent l’occasion de rencontrer des gens plus facilement. L’écrasante majorité des personnes est tout à fait bienveillante.
Comments