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LAURENT REGAIRAZ

CAMÉLÉON


RIEN N’ARRÊTE LAURENT REGAIRAZ, ALIAS CHICANDIER. CET HUMORISTE DE 44 ANS, ORIGINAIRE

DE SAINT-ÉTIENNE, A CONQUIS LES COEURS DES FRANÇAIS AVEC SES VIDÉOS PLEINES D’HUMOUR POPULAIRE. MAIS AUJOURD’HUI, C’EST LE GRAND ÉCRAN QUI LUI TEND LES BRAS. APRÈS QU’IL A FAIT SALLE COMBLE AVEC SON SPECTACLE UN JOUR SANS FAIM, CE STÉPHANOIS AUX MULTIPLES TALENTS, À LA FOIS HUMORISTE, PRODUCTEUR ET AUTEUR, AJOUTE UNE NOUVELLE CORDE À SON ARC : ACTEUR DE CINÉMA. VU RÉCEMMENT DANS ASTÉRIX ET OBÉLIX, L’EMPIRE DU MILIEU, OU ENCORE UN HOMME HEUREUX DE TRISTAN SÉGUÉLA, IL BRILLE DANS TAPIE, LA PRODUCTION-ÉVÉNEMENT DE CETTE RENTRÉE SIGNÉE NETFLIX. CELUI QUI A COMMENCÉ COMME UN PHÉNOMÈNE DES RÉSEAUX SOCIAUX S’AFFIRME ET NOUS DÉVOILE UNE TOUTE NOUVELLE FACETTE. RENCONTRE.


LAURENT REGAIRAZ
LAURENT REGAIRAZ


Racontez-nous votre première expérience devant une caméra ...

Mon premier rôle c’était dans Music Hole, un film franco-belge tourné en 2018 en Belgique. J’avais fait la connaissance d’un des co-réalisateurs dans un bar à Paris. Ça s’était fini ainsi « j’ai un rôle pour toi, viens passer le casting ». À l’époque, j’étais secrétaire général. Je suis allé passer un essai en toute discrétion sur mes heures de travail et je m’étais même dit, « si je réussis ce casting-là, je me fais tatouer le drapeau belge ! » L’avez-vous fait ? Non, ma femme refuse ! (Rires)


Quel rôle jouez-vous ?

Camaron, un gitan stéphanois. C’étaient deux jours de tournage mais avec des acteurs du film Dikkenek ! Pour une première, c’était complètement dingue.


Depuis, vous multipliez les projets… Vous avez notamment été à l’affiche du film de Tristan Séguéla Un homme heureux…

J’ai eu deux jours de tournage et j’ai eu la chance de donner la réplique à Fabrice Luchini ! Je tremblais ! (Rires) J’étais blanc ! Livide ! J’étais obligé de bouffer du sucre et de boire du jus d’orange parce que je faisais de l’hypoglycémie. Vous retravaillez avec Séguéla sur la série Netflix Tapie… Oui on s’était bien entendus, il m’a repris sur ce projet pour jouer un réalisateur télé d’une cinquantaine d’années, rondouillard et franchouillard.


Les critiques sont dithyrambiques sur le jeu de Laurent Lafitte…

Il est incroyable dans ce rôle. Il a une telle palette de jeu ! Chaque fois qu’ils disaient « action », il proposait un truc nouveau, il était capable de tout jouer, un visage grave, la joie, la condescendance… tout ça en l’espace de trois secondes et demie ! Il est vraiment très fort.


Un premier rôle pour bientôt ?

Oui et dans un film de Gilles Graveleau avec Anne Girouard, Serge Papagalli, Jacques Chambon. Le

tournage aura lieu en mai à côté de Lyon.


C’est quoi le pitch ?

C’est un vieux garçon qui vit avec un autre vieux garçon. Ils pêchent. Ils sont meilleurs amis, mais ils

se disputent tout le temps. Ce sont deux mecs de la campagne, quoi. Puis un jour ils arrivent en fin de

droit à Pôle emploi. On leur conseille de créer une start-up. Ils n’y connaissent rien mais ils vont le faire

malgré eux. C’est une sorte de fable sur le fait qu’il faut revenir aux valeurs humaines et peut-être pas

tout miser sur l’argent et la réussite.


Être acteur de cinéma, finalement était-ce un rêve ?

J’ai toujours été fan de cinéma. J’ai adoré le film Babylon de Damien Chazelle parce que j’ai exactement le même regard sur le cinéma que l’acteur à la fin ! Je pourrais entrer dans le cinéma et ne plus jamais en sortir ! (Rires) « Le cinéma, c’est la vie, » disait Truffaut. Je suis entièrement d’accord ! Je mange cinéma, je respire cinéma, je dors cinéma… mais je n’ai jamais pensé pouvoir faire du cinéma !

C’est dingue mais il ne faut pas trop se le dire ! Il ne faut pas trop se regarder.


Quel est votre défi en tant que jeune acteur ?

Faire oublier Chicandier. Je pense que j’ai réussi dans Tapis. Mon meilleur ami m’a dit « j’avais envie de taper ». Soit c’est un truc enterré au plus profond de lui, soit il a trouvé que j’interprétais bien un connard ! (Rires) En tout cas, c’est vraiment le plus beau compliment qu’il pouvait me faire.


Voulez-vous que l’on parle plus de Laurent ?

Non, ça veut dire que je veux être dans une palette plus complexe, plus nuancée. Je veux jouer un homme amoureux, un homme triste, un homme ravagé, un homme joyeux, pas seulement un gros barbu qui gueule dans sa bagnole. Je pense prendre des cours parce que je veux progresser. Je

veux aller plus loin dans des émotions, des registres, au service de mes personnages.


Comment gérez-vous les critiques ?

Il y a une phrase de Talleyrand que j’adore « Tout ce qui est excessif est insignifiant. ». Que l’on me

qualifie de génie ou d’immense connard, je le prends de la même manière. Par contre, j’aime les critiques objectives. Dans Music Hole, il y a un passage où je ne suis vraiment pas terrible. J’ai un jeu de regard qui est à chier. On me l’a dit, et c’est vrai. Je vais travailler.


Quelle serait votre expérience la plus marquante ?

Astérix, de Guillaume Canet. C’étaient des moyens colossaux, une très grosse production ! J’étais clerc

de notaire à Saint-Étienne et là je me retrouve face à Canet, Cotillard, Lellouche, Cohen, Commandeur,

Ramzy… dans un village gaulois reconstitué ! Tu te dis « bien sûr ! C’est mon petit lundi à moi ! » (Rires)


Si vous étiez un film ?

Itinéraire d’un enfant gâté, je dois le regarder trois ou quatre fois par an.


Un réalisateur ?

Arnaud Desplechin et particulièrement Un conte de Noël. C’est lui qui décrit le mieux les familles

françaises dégradées et dysfonctionnelles. Il a un petit côté Bergman à la française.


Un genre cinématographique ?

Les biopics et les polars. Je me suis mis aux films de science-fiction, ma femme adore. On regarde Interstellar plusieurs fois par an aussi !


Une réplique ?

« Une des phrases les plus dangereuses dans le monde, c’est de demander à l’autre “comment ça va ?” » Je crois que c’est dans Itinéraire d’un enfant gâté.


Une salle de cinéma ?

Alors moi j’aime bien la grande salle du Gaumont. Lelundi matin. Personne qui mange. Je comprends mais ça m’énerve. Et de la clim aussi.


Plutôt Oscar ou César ?

Les deux mon capitaine ! Je ne suis pas bégueule. Je n’ai pas de genre préféré, je m’éclate autant devant une série française que devant une grosse production américaine. Je me suis régalé devant Maverick. Bon il n’aura pas d’Oscar a priori… Les films français très orientés à gauche m’emmerdant un peu à la limite.


Allez-vous tourner avec un nouveau spectacle ?

Oui. La 9e vie du chat. Je commence à le jouer un peu en entreprise et je me régale ! Je parle de ma stratégie de l’échec, de tout ce qui m’a fait arriver ici et qui n’est qu’une succession d’échecs. Je suis une balle rebondissante, je n’ai fait que rebondir. Certains diront qu’il s’agit d’une fuite en avant, mais au final, j’ai une vie remplie et surtout j’ai une femme, une fille qui arrivent à me suivre, donc je n’ai pas tout merdé finalement.


À quoi rêvez-vous ?

Un biopic sur Jean Yanne. C’est mon idole absolue. Celui qui m’a donné vraiment toutes mes inspirations. J’aime bien ce côté très sombre et à la fois très joyeux. On me dit souvent que je ne suis pas tellement éloigné de lui physiquement. Je trouve qu’on ne lui rend pas réellement hommage, on ne s’intéresse pas à l’homme qu’il était. Alors qu’il a été un si grand monsieur du cinéma, du music-hall. De la chanson… il a joué dans des nanars horribles mais aussi dans de purs chefs-d’oeuvres. Et j’aimerais faire quelque chose en famille, avec ma femme et ma fille aussi. Elles seraient toutes les deux de très bonnes actrices.



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