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YVON BACK

SINCÈRE


ACTEUR HORS PAIR, YVON BACK A SU NAVIGUER SOUS LES PROJECTEURS AVEC UNE AUTHENTICITÉ RARE. DERRIÈRE UNE DISTANCE DISCRÈTE SE CACHE EN RÉALITÉ UN ARTISTE PASSIONNÉ, SINCÈRE ET RÉSILIENT. CELUI QUI INCARNE LE RÔLE DU COMMISSAIRE BECKER, DANS LA SÉRIE QUOTIDIENNE POPULAIRE UN SI GRAND SOLEIL, RÉVÈLE UN PERSONNAGE AUSSI NUANCÉ QUE CAPTIVANT À L’IMAGE DE SA PROPRE PERSONNALITÉ.

Interview de Yvon Back pour le magazine Osoleil.
Yvon Back

Vous êtes très discret en ce qui concerne votre vie privée. Voulez-vous nous parler un peu de vous ?

Je suis né en 1961 à la Clinique du Parc à Thionville en Moselle, une très belle sous-préfecture. Vous faut-il l’heure ? (Rires)


Non, mais merci pour ces précisions ! (Rires) Plus sérieusement, qu’est-ce qui vous a donné le goût du jeu ?

Comme pour les cuisiniers je crois, il y a un lien avec l’enfance. Je suis un ancien cancre, je n’étais pas très discipliné à l’école. Tout ça m’agaçait. Je m’ennuyais profondément et je trouvais surtout injuste de ne pas être remarqué. Je me suis mis à faire un peu le con pour faire rire les gens. Et je me suis rendu compte qu’il se passait quelque chose, je sortais un peu du lot. Vers seize ou dix-sept ans, j’ai rencontré une bande de potes fondus de cinéma et ils m’ont initié.


Ils réalisaient des films…

Absolument, des longs métrages en Super 8 dans lesquels je jouais. C’était très sérieux, on les avait

diffusés dans la salle municipale de Thionville. De l’adolescent transparent et très inhibé, je suis devenu

une petite vedette et le regard, entre autres des filles, sur moi a changé radicalement ! (Rires)


Est-ce là que vous décidez d’en faire un métier ?

J’aime bien faire ça, ça m’amuse beaucoup. Avec cette même bande de potes, on décide d’aller à Paris et de devenir des stars. (Rires) Cela a été plus compliqué avec mes parents. C’était ma seconde terminale sans avoir passé le bac, ils m’ont dit « écoute, tu vas aller à l’armée et puis on verra quand tu reviens ». Après, j’ai rejoint un ami au Club Med, on a fait une saison en Tunisie, on a élaboré un plan et on s’est installés à Paris.


Vous vous inscrivez au Cours Florent…

À ce moment-là c’est une petite école, on est en 1982. François Florent donnait encore des cours à

ce moment-là, et puis après c’est un peu le parcours classique d’un acteur. Je ne tourne pas de suite

mais il y avait du boulot pour gagner sa croûte. Je suis entré dans la troupe de Robert Hossein sur des

projets assez longs. J’ai vraiment commencé à vivre de ce métier au début des années 1990.


Quel regard portez-vous sur vos débuts ?

J’ai eu beaucoup de mal à me sentir légitime dans ce métier je crois parce que « Thionville », la souspréfecture… vous voyez ? Une petite anecdote, quand je suis arrivé au cours Florent, le prof me donne des scènes à travailler. Lucidor dans Marivaux. J’écris rapidement comme ça, vous voyez, « Lucie » plus loin « dort ». Je n’ai jamais entendu parler de « Marie veaux » ! (Rires) Je suis allé à la Librairie Théâtrale, rue de l’Odéon, avec cette liste que je donne à la libraire qui me propose gentiment son aide. Je me souviendrai toujours du regard qu’elle m’a porté ! (Rires) Depuis j’ai beaucoup lu.


Vous avez donné la réplique a des mastodontes…

J’ai eu la chance de travailler avec des gens dont j’étais très fan gamin. Avec Jean Yanne, sur le premier film de Jacques Audiard, Regarde les hommes tomber. Michel Aumont aussi, avec lequel j’ai joué au théâtre. Jean Rochefort sur Désaccord parfait d’Antoine de Caunes. Je devais l’engueuler ! J’ai passé une semaine à boire ses paroles ! Pour Costa-Gavras dans Le Couperet. J’ai fait de belles rencontres…. À la télévision aussi avec Patrick Dewolf pour Crimes en série.


Depuis fin 2018, vous incarnez un rôle récurrent et emblématique dans le feuilleton Un Si Grand Soleil diffusé sur France 2…

C’est moi qui ai sollicité la production. Mon ami Frédéric Van Den Driessche qui tournait dedans

m’en avait parlé. J’ai toujours joué dans des séries et la dernière dans laquelle j’étais, Hôtel de la plage

avec Bruno Solo et Jonathan Zaccaï, s’était arrêtée en 2016. Pendant deux ans je n’ai fait que des guests, je ne tournais plus régulièrement. À ce moment-là, je suis dans un petit creux.


Comment le vit-on quand cela arrive ?

J’ai une famille, deux enfants, des frais fixes. C’est un peu angoissant. Alors on rebondit. On se bat.

Mais c’est très compliqué parce que, lorsque tu es comédien, tu es vraiment dans le désir des autres.

J’ai écrit à Joanna Delon, la directrice de casting. Elle a été surprise car elle ne pensait pas que je pourrais me diriger sur une quotidienne. Il y avait un rôle, celui du commissaire Becker.


Qui est-il ?

Il a une pudeur qui le tient à distance, un passé politique. C’est un ancien militaire trotskiste, qui

entre dans la police par conviction républicaine. C’est un personnage un peu erratique, un peu sévère. Je l’aime bien ! J’ai amené un peu de mon ironie, de l’humour aussi. Dans une quotidienne, on ne sait pas où l’on va, on peut toujours fantasmer la construction de son personnage.


Comment les débuts vont-ils se passer ?

C’est super ! Je retrouve des réalisateurs et des comédiens avec qui j’ai déjà travaillé. Et puis ce

programme a une ambition artistique qui me plaît de suite. Je jouais peut-être un peu tout droit et puis

j’ai réalisé que pour que ce soit intéressant pour tout le monde, il fallait que je mette un peu plus de moi, même si je ne suis pas mon personnage.


Que traverse-t-il en ce moment ?

Il est accusé par sa hiérarchie à tort, on lui demande de faire un arrangement qu’il n’a pas envie de faire.

Il est mis à pied et il vit cela comme une injustice terrible. Il est en colère.


Quelles leçons tire-t-on de 35 ans de carrière ?

J’ai eu la chance de tourner tout le temps, de faire des choses très différentes. J’ai l’un de mes enfants

qui est à l’École du Nord à Lille, au centre dramatique. Le conseil que je lui ai donné, c’est qu’il faut le

faire pour les bonnes raisons, pas pour devenir une vedette ou gagner de l’argent. Il faut travailler, apprendre, s’intéresser. Il faut tenir pour être prêt quand cela arrive.



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